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Le Poste 1 de Lyon-Perrache
Histoire d'un poste d'aiguillage remarquable

"P1" : histoire et fonctionnement

Depuis le début des années 1930, et bien connu des usagers du tunnel de Fourvière, le Poste 1 de Lyon-Perrache (dit "P1") dresse sa silhouette atypique, les pieds dans la Saône… Chargé d’expédier et de recevoir les trains du côté Ouest de la gare, il est désaffecté depuis novembre 2016. Cependant, Rails & histoire et son équipe de passionnés s’attachent à lui offrir une nouvelle vie afin de l’ouvrir à des visites guidées grand public. Un projet d'envergure exceptionnelle, et unique en France !

Plus de 90 ans de bons et loyaux services

Après la Première Guerre Mondiale, la saturation de la gare de Lyon-Perrache – alors dans sa configuration de 1890 – liée à l’accroissement continu du trafic ferroviaire sur la ligne de Paris à Lyon incita la compagnie P.L.M. à réagir. Une refonte profonde du plan des voies fut décidée, et initiée au milieu des années 1920 : création de nouvelles voies du côté de l’actuelle rue Dugas-Montbel, allongement des quais, doublement du viaduc existant sur la Saône, passant de deux à quatre voies, et doublement du viaduc sur le Rhône, passant de deux à cinq voies. Ces différents travaux imposent le renouvellement des postes d’aiguillage mécaniques existants, incapables de faire face à l’accroissement projeté du trafic. Le nouveau poste 2 est mis en service en 1925, le nouveau poste 1 en 1930. Tous deux sont des postes électromécaniques à poignées d’itinéraires, fabriqués par Thomson-Houston, et figurent parmi les technologies les plus abouties de l’époque. Un poste 3 attaché à Lyon-Perrache, bien que situé de l’autre rive du Rhône, complète l’ensemble.

Photo de la gare de Lyon-Perrache en 1912 (cliquez pour agrandir).

Elle montre l’Annexe-Traction telle qu’elle fut à l’origine : des bureaux et une remise droite à 3 voies à gauche (emplacement des quais J actuels, et tri postal après 1945), et à droite la rotonde, le château d’eau, divers bureaux, et surtout le deuxième «Poste 1», tout à droite, en service à la fin du XIXème siècle.
 

Photo du plan de voies provisoire de Perrache suite aux travaux de dédoublement. Nous sommes probablement vers 1930, et avant 1933, date de fin des travaux sur ce secteur. En arrière-plan au centre, le Poste 1 tel qu'il était dans les années 1930.

(cliquez pour agrandir)

Après-guerre, de grands chantiers d’électrification des lignes ferroviaires sont lancés par l’Etat, de manière à – notamment – diminuer la consommation de charbon par la SNCF, l’objectif étant d’affecter ces ressources libérées à d’autres industries très consommatrices. L’électrification de la ligne de Paris à Lyon, décidée en 1944, atteint Lyon en 1952. Le poste 1 est alors modernisé et adapté : mise en place de nouveaux enclenchements de sécurité, adaptation à la signalisation automatique lumineuse (B.A.L, pour Block Automatique Lumineux). Les postes 2 et 3, affectés à la gestion de la partie Est de la gare, sont à cette occasion fusionnés et entièrement reconstruits, le poste 1 demeurant le seul poste électromécanique à Lyon-Perrache.

Par la suite, les installations du poste d’aiguillage évoluèrent peu, bien que la radio, l’informatique, l’électronique, affectèrent d’autres domaines (suivi des trains, communications entre les postes d’aiguillage et avec les mécaniciens, travail administratif, etc.). La cabine fût bien sûr rénovée et modernisée de manière régulière (sols, plafonds, fenêtres, etc.) jusqu’à totaliser trois épaisseurs de linoleums sur le plancher et six couches de peinture sur le pupitre de commande… !

Les étapes du projet

En novembre 2016, le Poste 1 et le Poste 2 sont désaffectés, les installations de la gare de Lyon-Perrache étant désormais commandées par un poste d’aiguillage à technologie informatique, situé près de la gare TER de Jean Macé. L’étude pour la reconversion du poste est entamée en 2017. Le projet, porté par Rails & histoire avec le soutien de SNCF Réseau, est lancé début 2019 et entre dans une phase opérationnelle à partir de 2020.

Pour plus de détails sur les différentes étapes du projet, cliquez sur les photos ci-dessous !

Le fonctionnement du Poste 1

Le poste 1 de Lyon a été fabriqué par la société Thomson-Houston. C’est la troisième et dernière génération de postes Thomson-Houston électromécaniques en France. La série, forte de 29 exemplaires à son apogée, s’est définitivement éteinte à l’automne 2018 avec la fermeture du poste d’aiguillage de Mâcon-Central. Lyon-Perrache est le seul exemplaire intégralement conservé de la série, bien qu’on puisse observer au musée des Cheminots d’Ambérieu une section du pupitre du poste Thomson-Houston de Lyon-Guillotière.

Mais alors, quel est le principe de fonctionnement de ce poste d'aiguillage ?

  1. L’aiguilleur tire vers lui la poignée (1) correspondant à l’itinéraire à établir. Chaque poignée est surmontée des indications d’origine et destination de l’itinéraire correspondant, ce qui facilite son repérage ;
     

  2. Par un jeu de pièces mécaniques (barres, taquets) les balanciers (2) des aiguilles intéressées par l’itinéraire basculent ;
     

  3. Ce basculement est interprété par des commutateurs électriques (3), qui mettent en mouvement les moteurs des aiguilles : les aiguilles se positionnent sur le terrain ;
     

  4. L’aiguilleur tourne ensuite la poignée vers la droite ou vers la gauche, jusqu’à 90°. Le mouvement de rotation de la poignée est transmis par l’intermédiaire de barres verticales à des commutateurs (4) qui ouvrent ou ferment différents circuits électriques ;
     

  5. Si toutes les conditions de sécurité sont réunies, le signal d’entrée de l’itinéraire s’est ouvert (il est passé «au vert»). Le train peut s’engager sur l’itinéraire ;
     

  6. Durant toutes ces opérations, de nombreux dispositifs de sécurité seront mis en œuvre, au moyen de verrous mécaniques ou de verrous électriques (5) pilotés par des relais (6). Ces sécurités contrôlent notamment :
    – qu’aucun itinéraire déjà établi n’est sécant ou convergent avec l’itinéraire à établir ;
    – que les aiguilles occupent la bonne position et sont verrouillées ;
    – que les signaux sont fonctionnels et donnent les bonnes indications ;
    – qu’aucun véhicule ne stationne sur les voies, etc.

Complexe ? Sans doute. Mais la technologie est fiable, d’une grande robustesse et très souple à l’usage. Ces qualités ont conféré aux installations une grande longévité : plus de 80 ans !

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Ci-dessus : poignées, barres, taquets, commutateurs, relais... Le Poste 1 est un lieu au sein duquel la mécanique est très présente ! N'hésitez pas à cliquer sur les miniatures pour les agrandir.

Depuis mai 2023, le Poste 1 a été inscrit aux Monuments Historiques

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