Les archives orales
En développant le premier programme scientifique de l’Association dans la Revue d’histoire des chemins de fer en 1989, François Caron soulignait au sein du premier numéro de la Revue d'Histoire des Chemins de Fer qu’il fallait « arrêter de toute urgence le massacre de cette mémoire collective : mémoire des archives qui est fondamentale, irremplaçable, mémoire orale aussi »
Au début des années 2000, le comité scientifique décida de faire de la collecte d’archives orales l’une des activités de l’association. Une note du comité datée du 16 mai 2001 expliquait le lancement d'un programme d’archives orales en soulignant sa contribution à la mémoire collective dont il serait aussi l’expression : « Il repose sur le postulat du rôle primordial que joue la mémoire dans la constitution d'une communauté et d'une identité professionnelles, sur l'importance, pour une organisation actuelle, de connaître sa culture collective et ce que celle-ci doit à ses héritages.»
Le premier bilan, établi en 2004 dans le numéro 31 de la Revue d’histoire des chemins de fer à partir des progrès de la collecte « La SNCF, 1937-2002. Histoire professionnelle de l’entreprise et de son personnel : corps social, métiers, évolutions et représentations » était très positif.
Il engageait ainsi les dirigeants de l’association à faire de l’archive orale « une mission essentielle de l’AHICF » (voir numéro ci-dessus).
L’archive orale a dès lors pris une importance croissante dans l’activité de l’association, enrichie par de nouvelles collectes et par la mise à disposition à la communauté scientifique et au grand public des fonds constitués. Au fil des années les archives orales se sont structurées et ont pris de l’importance, devenant même un axe prioritaire de l’association.
En une vingtaine d’années, Rails & histoire a développé ses méthodes et a acquis une expérience et une expertise reconnues dans le domaine de l’archive provoquée. Elle a mené divers projets de collecte d'archives orales : sur les origines des grandes vitesses ferroviaires en France, l’histoire des métiers et des décisions à la SNCF, sur l’infrastructure avec Réseau Ferré de France (RFF), sur l’histoire des tramways et de leur réinvention en France ou sur le système ferroviaire transmanche avec un programme sur les vingt premières années du Tunnel sous la Manche. Il faut y ajouter la dernière grande collecte, « Vie et travail au quotidien pendant la Deuxième Guerre mondiale : mémoire et récits de cheminots ».
Ces collectes forment un fonds de plus de 400 entretiens pour près de 1 000 heures de son, d’une grande richesse pour la recherche, avec des problématiques multiples portant notamment sur les décisions, les métiers, l’identité professionnelle, l’histoire des techniques, la vie quotidienne, les guerres, les infrastructures, l’urbanisme ou encore les loisirs. Plus largement nos fonds embrassent l’histoire du XXᵉ siècle dans sa globalité avec des thématiques relatives à la vie professionnelle et quotidienne.
Un exemple de collecte et de valorisation des archives orales :
L'exposition "Voix Cheminotes"
En 2012 et 2013, l'Association Rails & histoire réalise une campagne d'archives orales de grande ampleur, auprès de cheminots et familles de cheminots ayant vécu et exercé leur métier pendant la Deuxième Guerre mondiale.
Au total, cette campagne faisant suite à un appel à témoignages de la SNCF a été menée auprès de 210 témoins, sur l'ensemble du territoire français. Cela représente plus de 400 heures d'enregistrements.
Les archives orales ainsi enregistrées nous ont permis de créer une exposition sonore intitulée "Voix Cheminotes", retraçant le travail et la vie menés pendant la Deuxième Guerre mondiale par les témoins avec lesquels nous nous sommes entretenus. Accueillie par les Archives Nationales sur leur site de Pierrefitte entre avril et juillet 2015, "Voix Cheminotes" constitue l'exemple même de l'expertise de Rails & histoire en termes de collecte et de valorisation d'archives orales.
Ci-dessus : l'affiche de l'exposition
Voix Cheminotes qui s'est tenue en 2015.
Ci-dessus : la carte d'identité SNCF du témoin Maurice Jolly, 1943.
Ces deux documents originaux ont été confiés par les témoins à Rails & histoire, et ces archives inestimables ont constitué le support écrit et visuel de l'exposition qui s'est tenue en 2015. Plus de 3 000 documents nous ont été ainsi confiés par les témoins.
Notre association souhaite rendre cette exposition itinérante, afin que chacun.e d'entre-nous ait la possibilité d'écouter ces témoignages poignants. En attendant, les entretiens sont aussi mis en ligne sur notre page Soundcloud Rails & histoire.
Cette exposition est entièrement disponible en ligne, il vous suffit pour cela de cliquer sur l'affiche ci-dessus ou ici !