« Premiers pas dans la neige. » C’est le titre du papier écrit par Pierre Daninos, le père des futurs Carnets du major W. Marmaduke Thompson, publié le 15 janvier 1938 par Adam, la revue des modes masculines en France et à l’étranger.
« Vendredi 19 h. 45, gare de Lyon.
Le quai se hérisse de skis et de bâtons que les banlieusards regardent avec une moitié de sourire.
– C’est ceux du ski…
En effet, c’est le train-ski. Les quelques voyageurs de commerce ou assimilés qui ont coutume de prendre le train pour aller à Bourg où à Dijon ne savent plus où se mettre ; ils ont certainement la sensation qu’ils sont ici « en trop ». Depuis le sportif chevronné au jersey indigo qu’un liseré tricolore égaye, jusqu’au skieur neuf qui semble échappé de la vitrine d’un grand magasin et sur lequel on ne serait pas étonné de découvrir, pendante, une étiquette, tous les genres de skieurs sont représentés. Car, cela va sans dire, on part en skieur. Pensez donc : 48 heures ! A peine le temps de se changer.
– Avez-vous un hamac ?
Hamac est un mot marin qui évoque le roulis, la cale et les tempêtes. Depuis quelque temps il appartient au vocabulaire ferroviaire et prend place à côté de "couchette" et "sleeping". Le hamac est une sorte de toile tendue dans le sens de la longueur du compartiment de troisième et retenue par des chaînettes. Il y sept hamacs par compartiment (trois de chaque côté et un au milieu). Vous verrez… si vous ne l’avez pas déjà constaté : on y dort très bien.
Nous parcourons le train. On s’installe. Plutôt, on installe les skis (…) ».
Ces « couchette-hamacs » amovibles sont l’un des symboles de la démocratisation des sports d’hiver au lendemain de l’institution des congés payés. Mis au point par la PLM, sur une suggestion du Club alpin français et avec sa collaboration, elles ont fait leur apparition le 4 décembre 1936 à l’occasion de la saison d’hiver 1936-1937. Elles équipaient, à titre d’essais, quelques voitures de 3e classe du train 659 : départ de Paris à 19 h 45 pour Chamonix et Bourg-Saint-Maurice ; au retour, départ de Saint-Gervais à 19 h 24 et de Bourg-Saint-Maurice à 19 h 38. Il en coûtait un supplément de 10 francs pour un aller, 20 francs pour un aller-retour.
Il serait faux, cependant, d’affirmer que les sports d’hiver étaient jusqu’alors l’apanage d’une élite. En décembre 1933, Philippe Soupault, envoyé spécial du journal l’Excelsior, chargé de rendre compte de la « ruée vers la neige » au départ de la gare de Lyon, s’attache à démontrer que l’engouement pour les sports d’hiver touche toutes les classes de la société : « Je remarque trois jeunes gens qui sont vêtus avec une simplicité qui prouve qu’ils préfèrent le sport à la parade. Ils sont venus passer trois jours dans la montagne après avoir, pendant plusieurs mois, économisé franc à franc la somme nécessaire. L’un est relieur, l’autre est placier et le troisième menuisier dans un atelier de carrosserie. C’est la première fois qu’ils goûtent à cette ivresse. Et ils semblent transportés. »
En janvier 1936, Paul Reboux, l’une des plumes de Rails de France, le magazine de propagande touristique des grands réseaux, se fait l’écho de cet engouement : « Cette mode s’est répandue avec promptitude. Elle est devenue impérieuse. Il semble que son règne soit fortement définitivement établi. Au lycée, à la Sorbonne, à l’atelier, au bureau, au magasin, on ne rêve plus désormais, qu’à monter joyeusement dans le train. »
Le PLM, dont le célèbre Agenda[1] célébrait déjà avant-guerre les joies de la neige, comprend vite l’intérêt qu’elle peut en tirer. Son action en faveur des sports d’hiver auprès du public commence timidement en janvier 1932 sous la forme de deux encarts repris par l’ensemble de la presse quotidienne et magazine, titrés, pour le premier : « Huit jours de sports d’hiver sur les Alpes françaises assurent un an de santé » ; pour le second : « C’est sur les Alpes françaises qu’il faut faire des sports d’hiver ». L’un et l’autre mettent en avant leurs bienfaits sur la santé : « Qui les pratiquent accroît son capital santé (…). Huit jours de culture physique sur la neige , c’est la meilleure cure de rajeunissement. » Mais cet atout est réservé aux catégories sociales les plus aisées : « Les gens prévoyants n’ont pas pris en été toutes leurs vacances ; ils se sont réservé la possibilité de se rendre en hiver sur les altitudes alpestres où se pratiquent les sports de plein air sur la neige. » Les deux semaines de congés payés ne sont pas encore d’actualité. De fait, après s’être essayés en journée au ski, au patin, à la luge, au bobsleigh, au curling, les « sportsmen » sont invités à fréquenter, la nuit venue, « toutes les distractions mondaines », concerts , théâtres, cinémas et dancings.
Ce n’est qu’en décembre 1935 que sa « propagande » prend un virage nettement plus offensif par une nouvelle campagne de presse où domine son slogan, vite incontournable : « Stockez de la santé ! »
Cette campagne répond aux nouveaux critères de la publicité qui, se voulant plus percutante et agressive, rompt résolument avec le lyrisme bon enfant qui imprègne la plupart des encarts publiés jusqu’alors, comme cet exemple pris en 1934 : « Elles sont revenues, les neiges d’antan… Exactes au rendez-vous, elles recouvrent de leur blanc manteau pentes et cimes des montagnes. Des trains rapides et confortables vous conduiront en une nuit aux pays féériques de la neige étincelante sous un ciel bleu, dans un air idéalement pur. » Aucune allusion n’est faite dans ce document aux joies de la glisse. Aucune incitation tarifaire non plus, la gamme des billets à prix réduits proposés est identique à celle de tout autre déplacement d’agrément, ni mention d’un service spécial, si ce n’est le rappel des trains supplémentaires mis en marche pour la période de Noël : 43 en 1933, 48 en 1934.
Ce tournant se ressent aussi en interne. Ce n’est qu’à partir de 1936 que Le Bulletin PLM [2] multiplie les références à l’ « or blanc ». A commencer, en janvier de cette année, par un tour d’horizon de « L’effort du PLM en faveur des Sports d’Hiver », article qui fait même la couverture.
Ce même Bulletin ne manque, pas non plus, de faire état des sorties hivernales de l’Association touristique des cheminot[3], dont les membres se retrouvent le 9 février en leur chalet du col de Porte (Chartreuse) pour la « Première fête annuelle ATC du Ski », et des résultats du premier challenge de ski inter réseaux organisé par l’Union sportive des cheminots français (USCF) qui s’est tenu le 14 mars 1937 près de Saint-Jean-de-Maurienne, une course poursuite de 16 km remportée par l’équipe du réseau de l’Alsace-Lorraine devant le… PLM.
Dans cette courte période de deux années qui précède la nationalisation, le PLM s’érige en « Réseau de la Neige », faisant fi de la concurrence des compagnies de l’Est (Vosges) et du PO-Midi (Massif central, Pyrénées). Une ambition qui transparaît déjà dans l’argumentaire de son dépliant paru à l’automne 1934 : « Huit jours de sports d’hiver. Toute une année de santé », reprise du slogan de 1932 remis au goût du jour : « … c’est dans les régions desservies par le PLM que se trouvent les stations les plus nombreuses, les mieux équipées, les plus célèbres. Le PLM est, par excellence, le réseau des sports d’hiver. »
Encore faut-il s’en donner les moyens. Les premières mesures d’ampleur sont prises à l’occasion de la saison d’hiver 1935-1936. Elles portent sur la mise en marche, au départ de Paris, de trains « plus nombreux, encore plus pratiques ». Ces trains toutes classes répondent au souhait du voyageur qui, sa journée de travail achevée, peut partir entre 19 h et 20 h pour se retrouver au pied des cimes le lendemain entre 7 h et 8 h. Ils circulent tous les jours du 19 décembre au 5 janvier, les vendredis et samedis (les dimanches et lundis au retour) jusqu’au 7 mars, et desservent 115 « stations de neige » des Alpes et du Jura. Le rapide pour Chamonix, pour ne citer que lui, quitte la capitale à 19 h 30 et une arrivée à Saint-Gervais à 6 h 51 et Chamonix à 8 h 07 (au retour arrivée dans la capitale à 6 h 40). Des liaisons sont également assurées au départ de Lyon et de Marseille, certaines par autorails, d’autres par des combinaisons « trains-autocars ».
En dehors des trains de saison réguliers, le PLM inscrit également à son programme, au départ de Paris, trois « trains de neige spéciaux[4] » offrant une réduction de 60 %. Formés de voitures de 2e et 3e classes, ils circulent à dates fixes. Deux sont à destination de Chamonix : le premier le 23 janvier à l’occasion de la Grande semaine du ski, le second le 13 février à l’occasion du Championnat de France de ski (avec une tranche pour Bourg-Saint-Maurice). Le troisième est à destination de Briançon. Des trains analogues circulent au départ de Lyon (un pour Briançon, un autre pour Chamonix) et de Marseille (un pour Briançon). Le retour se fait individuellement, la validité du billet étant de huit jours avec la possibilité de deux prolongations de quatre jours.
Du point de vue tarifaire, si l’on excepte les « trains de neige », les produits phare sont le billet de week-end[5] et, nouveauté, la carte d’abonnement de week-end. Le billet de week-end offre une réduction de 40 à 50 % en fonction de la longueur du trajet (plus ou mins de 200 km retour compris). Il est valable du vendredi midi au mardi minuit. La carte d’abonnement de week-end, pur produit PLM, se décline en une option « saison » et une option « demi-saison ». La première, dont le prix varie selon la classe (de 2 900 à 1 300 francs), est valable six mois (du 30 octobre au 4 mai). Elle permet 30 déplacements, soit un aller-retour par semaine. La seconde (de 2 000 à 900 francs) est utilisable trois mois (du 18 décembre au 16 mars). Elle offre la possibilité d’effectuer 15 déplacements. Ses acquéreurs peuvent s’acquitter du prix de l’une ou l’autre en quatre versements (un à chacun des quatre premiers voyages). Outre le fait de permettre de se rendre de Paris à la station des Alpes ou du Jura choisie chaque semaine (qu’il suffit d’indiquer au moment du départ), la carte d’abonnement autorise : de circuler gratuitement d’un centre à un autre centre de la même région (Alpes ou Jura), d’aller par exemple de Cluses à Thonon el inversement ; de prendre le train de retour à une autre station que celle de l’arrivée ; de changer de classe pour la moitié du supplément ordinaire. Elle peut être utilisée également pour les déplacements de longue durée, mais à condition de voyager les jours ou les billets de fin de semaine sont admis. Elle permet aussi de se rendre à La Bourboule ou au Mont-Dore par la gare d’Orsay, et aux stations des Vosges (avec libre circulation dans cette région) par la gare de l’Est.
La saison d’hiver 1936-1937 apporte son lot de nouveautés et d’améliorations. Le nombre de stations desservies est désormais de 150. De plus, la période de circulation des grands rapides du soir à destination de la Savoie est sensiblement étendue. Elle commence 15 jours plus tôt (début décembre) et cesse un mois plus tard (fin mars ou début avril suivant les relations). En outre, le départ du rapide n° 659 (en direction Chamonix et Bourg-Saint-Maurice) est retardé de 15 minutes (départ à 19 h 45) sans que les heures d’arrivée soient modifiées : « Au sortir du bureau ou de l’atelier, le vendredi soir ou le samedi, un quart d’heure de plus pour arriver à temps à la gare, ce n’est pas négligeable. » Les plus fortunés peuvent opter pour celui de 20 h 10 qui offre des wagons-lits de 1re, 2e et 3e classes. Nouveauté, il est désormais possible de quitter Paris le samedi à 13 h et d’arriver le soir, vers minuit, à Chamonix ou à Bourg : « Voici donc la possibilité de partir en week-end sans être astreint à voyager deux nuits de suite, avec la certitude de chausser les skis le matin après une nuit de repos à l’hôtel. » Par ailleurs, des améliorations ont été apportées à de nombreuses correspondances automobiles. C’est ainsi qu’une nouvelle liaison par car permet aux amateurs de Megève de repartir pour Paris en s’embarquant au Fayet-Saint-Gervais et non plus à Sallanches : or la gare de Saint-Gervais comporte un buffet et est tête de ligne des trains de retour, d’où de plus grandes facilités d’installation dans les voitures. Autre nouveauté, les Lyonnais bénéficient désormais de liaisons rapides par autorail en direction du Jura (Morez).
« La neige tombe… les prix aussi… ». Ce nouveau slogan s’applique aux « trains de neige », reconduits toujours au nombre de trois au départ de Paris (15 janvier 1937 pour Chamonix, 29 janvier pour Chamonix et Bourg-Saint-Maurice, 26 février pour Briançon) et d’un au départ de Marseille (30 janvier pour Briançon). Seul Lyon bénéficie d’un train supplémentaire (9 janvier pour Briançon, 23 janvier pour Chamonix, 27 janvier pour Bourg-Saint-Maurice). Afin de faciliter la programmation des amoureux de la glisse, les dates de circulation sont fixées trois mois à l’avance, bien plus tôt que la saison passée.
Sur le plan tarifaire, on note peu de changements. « La neige tombe tôt et dure longtemps. » Pour répondre à ce constat, le PLM décide de mettre en vente les billets de week-end et les billets conjoints fer-autocar dès le 23 octobre, soit quatre semaines plus tôt, et jusqu’au 2 mai. Enfin, prenant acte de l’impact positif de la carte d’abonnement de week-end sur la fréquentation de ses stations du Massif central, le PO-Midi prend le parti d’en étendre le bénéfice à ses stations pyrénéennes moyennant un supplément de 20, 30 et 40 francs pour chaque voyage aller et retour.
Faire rouler des trains est une chose, les faire connaître et les remplir en est une autre. C’est la mission que se donne le « Service Neige PLM » qui travaille à promouvoir les sports d’’hiver par une « propagande » nourrie et en fournissant à la clientèle potentielle tous les renseignements nécessaires à la préparation de leur séjour à la neige.
Outre les insertions dans la presse, il recourt à l’affichage par la pose, rien qu’à Paris, de vingt grands panneaux, obéissant ainsi à la nouvelle tendance publicitaire qui laisse croire que les traditionnelles affiches et affichettes ont fait leurs temps, et que l’avenir est désormais aux « caliquots », dépliants et autres prospectus.
De fait, le PLM met en place tout un arsenal de publications et information susceptibles de guider et accompagner la clientèle dans ses choix. Un encart, que l’on qualifierait aujourd’hui de « publireportage », paru dans le journal Le Matin du 30 décembre 1936, donne une idée de cette offre :
« On a déjà lu un peu partout cette invitation :
– Partez P.-L.-M
Et en même temps l’on a appris qu’il y a 150 stations de sports d’hiver dans les Alpes et le Jura.
R, entre ces 150 stations, le choix n’est-il pas un peu embarrassant ? Comment s’y rendre et à quelles conditions ? Quelles sont, respectivement , leurs ressources hôtelières et leurs distractions sportives ?
Le PLM a prévu ces différentes questions et bien d’autres encore. Il y a répondu dans plusieurs publications que tous les skieurs doivent connaître et qu’à leur usage on va rappeler brièvement.
Voici d’abord – sous la recommandation "Stockez de la santé" – l’Horaire bleu, un mince imprimé qu’on peut glisser dans son portefeuille qui, pourtant, contient tout l’essentiel sur les stations et les voyages. On y trouvera aussi bien la hauteur des tremplins que le nombre des chambres, les horaires des trains que la durée des trajets des autocars.
On conservera donc l’Horaire bleu[6].
On peut signaler ensuite le dépliant : Huit jours de sports d’hiver. – Toute une année de santé. Abondamment illustré, il résume les caractéristiques des principales stations de la Savoie, du Dauphiné, du Jura et des Alpes-Maritimes.
Cependant, si l’on désire obtenir les renseignements les plus détaillés sur une station de son choix, on consultera les Fiches P.-L.-M. Elles comportent pour chacun des 150 centres de sports d’hiver P.-L.-M des Alpes, du Jura et du Massif Central, un feuillet qui contient : les horaires des trains et des services de correspondance en autocar ; les prix des billets ; l’indication des ressources hôtelières (prix et confort offerts) et de l’équipement sportif (tremplin, pistes de luge et de bob, patinoire, téléphérique, monte-pentes, écoles de ski, etc. ; l’époque la plus favorable à la pratique du ski ; le programme des compétitions de la saison, etc[7].
Ces fiches peuvent être consultées à la gare de Lyon, dans les agences P.-L.-M, à la Maison du tourisme, à la Maison de Savoie, dans les grands magasins, dans les agences de voyages, au siège de nombreux groupements sportifs et touristiques.
Une luxueuse brochure : Ne résistez pas à l’appel de la neige ! Partez P.-L.-M, vient enfin de paraître qui présente un tableau d’ensemble du "réseau de la neige", rappelle ses facilités et résume ses innovations.
N’est pas évoquée ici la Dernière heure de la neige, le bulletin météorologique que publie régulièrement le réseau les vendredis, samedis et jours de fêtes, et dont il peut être pris connaissance, dans le hall de la gare de Paris et en plusieurs points centraux de la capitale (bureaux de ville, principales agences de voyages, etc.), ou encore par téléphone à partir de midi en composant Diderot : « Vous saurez ainsi très exactement la hauteur et la qualité de la neige dans la région de votre choix. ». Service disponible à partir du 1er novembre.
« Quel que soit le mode de transport envisagé de chez soi au PLM, c’est bien encombrant une paire de skis… ». Conscient du problème, le PLM ouvre fin 1936, en gare de Paris, une consigne réservée à leur entreposage. Désormais, d’un week-end à l’autre, skis et bâtons peuvent être déposés dans le nouveau local, évitant ainsi à leurs propriétaires la peine de les transporter dans Paris. Ce service est subordonné à un abonnement de saison (15 francs pour six mois) ou de demi-saison (10 francs pour trois mois). Le principe est bientôt repris à Paris par le PO-Midi et étendu à plusieurs gares de province. Précisons ici que les skis, assimilés à un bagage, étaient acheminés dans les fourgons ou exceptionnellement admis dans certaines voitures, notamment celles munies de hamacs et celles entrant dans la composition des trains de neige.
Nous avons cité plus haut la pose par le PLM de vingt grands panneaux destinés à promouvoir son action en faveur des sports d’hiver. Il nous faut parler ici de deux autres procédés publicitaires. L’un repose sur un radio-reportage fait en 1936 à l’occasion du départ de ses trains de neige., l’autre sur une présence physique dans les grands magasins sous forme d’expositions, comme celles tenues à Paris, toujours en 1936, aux rayons « Sports d’hiver » du Bon Marché ou encore des Galeries Lafayette.
Terminons enfin sur sa participation au premier Salon des Sports d’hiver, porte de Versailles, inaugurée le 31 octobre 1936 pour trois mois, participation ponctuée le 12 décembre par « La Nuit du Ski », spectacle mêlant démonstrations de glisse et grands noms du music-hall et de la danse, organisée au profit de l’Union des cheminots anciens combattants du PLM.
A sa création, la SNCF s’est trouvée confrontée au même engouement des Français pour les sports d’hiver. Pour ce faire, elle a repris à son compte l’essentiel de l’arsenal développé par les grands réseaux. En pleine « Drôle de guerre », alors que la menace allemande pèse sur nos frontières, le journal Excelsior du 24 décembre 1938 titre : « Répondant à l’appel de la neige, les skieurs ont quitté nombreux la capitale. » Et l’article de s’enthousiasmer sur les dix-huit trains et les quelques 16 000 amateurs de « belle poudreuse » acheminés depuis Paris par l’ancien réseau du PLM. Dans le même temps, dans les coulisses de la grande maison, Robert Le Besnerais, premier directeur de la SNCF, fulmine et crie à l’inconscience et au manque de civisme de ses compatriotes. En effet, ceux-ci, bien qu’invités à ne pas se déplacer sans motif valable afin de donner la priorité aux marchandises en cet hiver particulièrement rigoureux, et dûment avertis qu’il n’y aurait ni réductions tarifaires, ni dédoublements de train, ni trains supplémentaires, ont pris d’assaut les rares trains réguliers programmés, contraignant la SNCF à renforcer en catastrophe son offre. En définitive ce sont 23 trains supplémentaires qui ont été expédiés les 21 et 22 décembre, poussant Le Besnerais à envisager une hausse immédiate des tarifs de 20 % pour amener « les gens qui voyagent pour le plaisir à ne plus voyager ».
[1] Agenda PLM, publié entre 1910 et 1931.
[2] Le Bulletin PLM, publié de janvier 1929 à novembre 1937.
[3] L’ATC a été créée en 1933 à l’initiative d’Henri Lenoir, inspecteur principal au PLM.
[4] Les trains de neige ont été inspirés par le PO-Midi qui met en marche son premier « Train de neige Paris-Pyrénées » à destination de Luchon-Superbagnères le 22 décembre 1934. Le succès de ce train l’incite à renouveler l’expérience le 2 mars 1935.
[5] Dit aussi billet de fin de semaine. Le PLM en fait bénéficier les candidats aux sports d’hiver depuis fin 1933 (50 % de réduction). La réforme de la tarification, appliquée le 1er octobre 1935, le généralise à l’ensemble des réseaux. Les billets de fin de semaine spécifiques aux sports d’hiver sont délivrés de fin novembre à début mai (40 à 50 % de réduction, +/- 200 km) , ceux intéressant les stations balnéaires, thermales et climatiques de fin mars à fin octobre (40 à 50 % de réduction, +/- 700 km).
[6] Ci-joint, la définition officielle de l’Horaire bleu donnée par le PLM : document « donnant d’un seul coup d’œil la marche des trains, la gare où vous devez descendre, les correspondances, la durée du trajet et, pour chaque station, le nombre de chambres disponibles et tous les renseignements sportifs ».
[7] Soigneusement tenues à jour, les Fiches PLM forme un recueil très pratique à consulter.
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