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VOYAGER A PRIX REDUITS (2e partie : 1970-1999)

En 1970, année d’amorce de notre second volet, la nomenclature des billets à prix réduits s’établit comme suit :


- billet de famille (75 % de réduction à partir de la 3e personne) ;

- billet populaire (30 % de réduction une fois par an) ;

- billet touristique (20 % de réduction) ;

- billet fer-autocar (20 % de réduction) ;

- billets bon dimanche (30 % de réduction) et de week-end (20 % de réduction) ;

- billet de groupes (30 % de réduction pour 10 personnes au moins, 40 % de réduction pour 25 personnes au moins) ;

- billet de promenade d’enfants (75 % de réduction pour 10 personnes au moins âgées de plus de 10 ans et de moins de 15 ans et pour un accompagnateur par fraction de 10).


A ces réductions déjà évoquées, il convient d’ajouter la carte « Rail Europ Juniors »

.

Proposée à partir du 1er novembre 1969, elle donne la possibilité aux jeunes âgés de plus de 10 ans et moins de 21 ans de voyager sur les principaux réseaux de sept pays limitrophes (Belgique, Espagne, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Portugal et Suisse) en bénéficiant d’une réduction de 25 % sur les tarifs ordinaires tant de 1re que de 2e classe. Valable trois ans, la carte est délivrée contre paiement d’un modeste droit d’établissement équivalent à 5 F. Six nouvelles administrations adhèrent au programme entre 1970 et 1972 (Allemagne fédérale, Autriche, Grande-Bretagne, Irlande, Hongrie, Yougoslavie).


1970 : la carte « Vermeil »


Poursuivant sa démarche visant à offrir à de nouvelles couches de la population des conditions tarifaires particulières, la SNCF inaugure le 1er mars 1970 un nouveau produit, la carte « Vermeil ».



Proposée à titre d’essai, elle permet aux personnes âgées (de 60 ans et plus pour les femmes, de 65 ans et plus pour les hommes[1]) de bénéficier d’une réduction de 30 % sur le plein tarif pendant les périodes d’occupation moyenne. Cette carte inaugure l’ère des réductions subordonnées au paiement préalable d’un forfait (30 F en 1re classe, 20 F en 2e classe) pour une période déterminée (un an). Son succès (400 000 cartes établies en dix mois) permet sa reconduction. Parallèlement des tests sont menés localement visant à accorder aux détenteurs de la carte une réduction de 50 % sur les déplacements effectués certains jours peu chargés de la semaine et de 30 % es autres jours. Circonscrits à Lyon (du15 octobre au 15 décembre 1971) et à Rennes (du 1er janvier au 30 juin 1972), ils ne donnent lieu à aucune application immédiate. Le bénéfice de la carte « Vermeil » est étendue aux voyages à destination de la RFA en 1976, de l’Espagne et du Portugal en 1977, de la Grande-Bretagne en 1978.

Suivant la même idée, la SNCF crée, le 1er février 1972, la carte « Ménage », qui accorde 50 % de réduction à l’épouse accompagnant son mari dans ses déplacements. L’essai, mené pendant six mois auprès de 6 000 ménages choisis au hasard dans les villes de Lille-Roubaix-Tourcoing, Paris et Lyon, ne s’étant pas révélé concluant en dépit de la gratuité de la carte, l’expérience n’est pas reconduite.


[1] 62 ans au 1er janvier 1982, 60 ans au 1er mars 1986 



1972 : la carte « Inter-Rail »


Toujours en 1972, à l’occasion du 50e anniversaire de l’Union internationale des chemins de fer (UIC), et dans le but essentiel de promouvoir auprès de la jeunesse la connaissance de l’espace européen en facilitant les déplacements internationaux par chemin de fer, la commission commerciale de cet organisme décide de créer, pour la période du 1er mars au 30 novembre, la carte « Inter-Rail 72 ».




Moyennant paiement d’une participation de 370 F, les jeunes de moins de 21 ans[1] obtiennent le privilège de circuler gratuitement en 2e classe sur les principaux réseaux ferroviaires des vingt pays européens adhérents (et sur celui du Maroc), à moitié prix sur ceux des pays émetteurs. D’une validité d’un mois, la carte peut être renouvelée à volonté. Son succès commercial conduit à réitérer l’opération du 1er mai au 31 octobre 1973, puis à titre permanent et sans limite de temps à partir de 1974. Cette décision entraîne l’abandon de la carte « Rail Europe Juniors ». A compter du 1er mai 1985, est mis en vente une variante, la carte « Inter-Rail + Bateau », qui, moyennant un supplément, autorise l’utilisation gratuite des prestations de base de certaines compagnies de navigation. En 1990, arrive la carte « Inter-Rail Flexi » qui donne le choix de dix jours de voyage pendant un mois aux mêmes avantages que la carte « Inter-Rail + Bateau », à un prix plus modique. Bien qu’ayant évoluée (Euro Domino, Inter-Rail One Country Pass, etc.), l’offre « Inter-Rail » est toujours d’actualité aujourd’hui.

Sur le modèle de la carte « Inter-Rail, est créée en 1979, en direction des personnes de 65 ans et plus[2], la carte « Inter-Rail S » (S pour sénior). Etendue à la 1re classe, son champ d’action se limite à seize pays, contre vingt pour la carte « Inter Rail » réservée au moins de 26 ans. Elle est remplacée en 1983 par la carte « Rail Europ S ». Si sa validité est portée à un an, les avantages afférents sont moins généreux que ceux de son aînée : réduction de 50 % en France sur le trajet menant à la frontière, de 30 à 50 % selon les pays adhérents. Apparaît enfin, en 1985, la carte « Rail Europ F » (F pour Familles) qui s’adresse aux familles composées d’au moins trois personnes dont un adulte. La réduction est de 50 % à partir de la deuxième personne tant en France qu’à l’étranger (1re ou 2e classe).


[1] Moins de 23 ans en 1976, moins de 26 ans en 1979.

[2] 60 ans pour les femmes à partir de 1982


1979 : les « tarifs 50 et le calendrier tricolore


Des études de marché ayant fait apparaître qu’une part importante de la clientèle ferroviaire se composait de voyageurs « seuls », les voyages en couple ou à plus de deux personnes étant souvent effectués par la route. Il était donc indispensable de chercher à attirer la clientèle potentielle de ce secteur. Une gamme de quatre nouveaux tarifs ouvrant à des réductions de 50 %, tant en 1re qu’en 2e classe, répond à cet objectif. Rendue effective le 1er septembre 1979, la gamme se décline comme suit :

- carte « Couple »

- carte « Famille »

- carte « Vermeil 50 »

- billet « Séjour »

Les deux premières sont délivrées gratuitement pour cinq ans.



La carte « Couple » offre 50 % de réduction au conjoint (marié ou cohabitant), la carte « Famille » 50 % à partir de la deuxième personne (pour un minimum de trois personnes). La carte « Vermeil 50 » est délivrée au prix de 37 € par un an, libre aux détenteurs de la carte « Vermeil » d’origine (30 % de réduction) de continuer d’en bénéficier jusqu’à l’expiration de sa validité ou de l’échanger gratuitement contre une carte « Vermeil 50 ».



Le billet « Séjour » – substitué au billet « touristique » – est soumis à deux obligations : un voyage d’au moins 1 000 km aller-retour avec une durée de séjour à destination de plus de cinq jours (en cas de voyage circulaire, la réduction est ramenée à 25 %).

Ces réductions ont pour autre dessein d’améliorer le remplissage des trains en dehors des périodes de fort trafic. En effet, il n’échappait à personne que la forte augmentation de la demande, à certaines périodes, entraînait des difficultés pour l’écoulement du trafic et, corrélativement, une dégradation du service offert à la clientèle, alors que des trains à faible taux de fréquentation circulaient pendant les autres périodes. Ces pointes se situaient non seulement aux départs et retours des vacances scolaires (quelques jours de « superpointes » dans l’année), mais aussi à chaque fin de semaine, le trafic de fin d’après-midi d’un vendredi normal représentant cinq fois celui d’un jour de milieu de semaine. D’où la décision de soumettre les « tarifs 50 » aux impératifs d’un calendrier tricolore[1], les trois couleurs « bleue, blanc, rouge » correspondant respectivement aux périodes creuses, de pointes et de superpointes .


[1] Etabli sur le modèle de celui en vigueur depuis le 1er mars 1975 pour le trafic des automobiles accompagnées : réduction de 50 % en période bleue, tarif normal en période blanche, majoration de 50 % en période rouge.



Les jours bleus (environ 250/an) couvrent, en règle générale, les périodes du lundi 12 heures au vendredi 15 heures et du samedi 12 heures au dimanche 15 heures ; les jours blancs celles du vendredi 15 heures au samedi 12 heures et du dimanche 15 heures au lundi 12 heures, ainsi que certains jours désignés ; les jours rouges, environ une vingtaine par an, correspondent aux départs et retours des vacances scolaires (Toussaint, fêtes de fin d’année, février, printemps, Pentecôte, été). Ainsi, le trajet (aller ou retour) doit commencer en période bleue pour bénéficier des réductions « Couple », « Vermeil 50 » et « Séjour », en périodes bleue ou blanche pour la réduction « Famille ».

Les cartes « Rail Europ S » et « Rail Europ F » obéissent aux mêmes règles : départ en périodes bleue et blanche pour la première, en période bleue pour la seconde.

Des aménagements sont apportés en 1982 aux tarifs « Famille » et « Séjour ». A partir du 1er février, la carte « Couple » et la carte « Famille » ne font plus qu’une pour donner la carte « Couple/Famille ». Concrètement, le bénéfice de la réduction accordée aux groupes familiaux d’au moins trois personnes est étendu aux groupes de deux personnes, soit un couple ou un parent et un enfant ou encore deux enfants (cette extension n’est valable que pour les trajets commencés en période bleue). Autre changement à partir du 1er novembre, le billet « Séjour » n’est plus soumis au respect du délai de cinq jours si la période de séjour comprend tout ou partie d’un dimanche ; cette mesure est destinée à accroître le taux de pénétration du tarif, tout en évitant que la réduction offerte ne soit utilisée pour des voyages d’affaires.


1982-1983 : la carte « Jeune » et le Carré Jeune »


En 1982, la SNCF s’efforce d’attirer des clientèles nouvelles en adoptant diverses mesures incitatives, notamment en faveur des familles :

- à compter du 1er février, tout enfant âgé de 4 ans à moins de 10 ans, redevables du demi-tarif, a pu se voir attribuer une place distincte, alors qu’auparavant deux enfants, appartenant à cette même tranche d’âge, ne pouvaient occuper qu’une seule place ;

- à compter du 23 mai, le bénéfice du demi-tarif jusque-là accordé aux enfants de 4 à moins de 10 ans est désormais consenti aux enfants de 4 à moins de 12 ans.

Le 1er juin 1982, une offre tarifaire nouvelle est mise en vigueur : la carte « Jeune ». Destinée aux jeunes âgés de 12 ans à moins de 26 ans, elle donne droit à 50 % de réduction en période bleue tant en 1re qu’en 2e classe[2], à une couchette gratuite, à une traversée aller-retour à 50 % sur les navires Sealink entre Dieppe et Newhaven et à des prix réduits sur les circuits touristiques de la SNCF. Elle a cependant pour défaut de n’être utilisable que du 1er juin au 30 septembre de chaque année. Pour y remédier est proposé à partir du 15 décembre 1983 un produit complémentaire, le « Carré Jeune » [8]. Valable un an, il assure à son titulaire 50 % de réduction en période bleue et 20 % en période blanche. Ces réductions portent toutefois sur un nombre restreint de voyages, soit quatre trajets simples ou deux aller et retour. Mais la liberté de pouvoir acquérir plusieurs « Carré Jeune » dans l’année suffit à satisfaire les inconditionnels du train. Il n’ouvre cependant à aucun autre avantage.

La tarification voyageurs s’enrichit au service d’été de 1984 d’une offre applicable sous certaines conditions dans les « trains Familles » :

- création du billet « Bambin » qui permet aux enfants de moins de 4 ans d’occuper une place distincte en acquittant le quart du prix perçu pour un adulte ;

- possibilité pour tout groupe, composé au minimum de quatre personnes payantes, dont un enfant de moins de 12 ans[3], de réserver un compartiment entier : en places assises, dans les trains de jour (1re ou 2e classe) au prix forfaitaire de 80 F ; en couchettes dans les trains de nuit (2e classe) au prix de six suppléments « couchettes ».


[2] La carte « Jeune » ouvre en 1987 des réductions pour l’Espagne et le Portugal (50 %), en 1988 pour l’Allemagne (50 %) et l’Italie (30 %) moyennant l’achat d’une vignette complémentaire pour chacune de ces destinations.

[3] Moins de 16 ans en 1989.



1986 : la dégressivité kilométrique


Historiquement, la SNCF appliquait un tarif basée sur la distance parcourue (au kilomètre puis par tranches de cinq kilomètres). Le développement de la concurrence aérienne conduit la SNCF à adopter, le 18 avril 1986, la règle de la dégressivité kilométrique qui implique que plus le voyage est long, moins il coûte. Cependant, le but poursuivi étant d’accroître la compétitivité du train sur les déplacements de longue distance, la baisse sur le prix des billets au plein tarif n’est appliquée qu’au trajet supérieur à 720 km (compensée par une hausse modérée sur les distances inférieures à 400 km). Reconduite les années suivantes, la SNCF n’a de cesse d’abaisser la limite ouvrant droit à la décote (à partir de 600 km en 1991 par exemple). Les éventuels surcoûts liés aux suppléments attachés à certains trains et aux réservations (non obligatoires) sont bien entendu maintenus.


1987 : la carte « Kiwi »


Confrontées aux effets du contre-choc pétrolier de 1986 et de la grande grève de l’hiver 1986-1987, la SNCF se doit de réagir dans un environnement concurrentiel de plus en plus âpre. Elle y répond notamment par des mesures commerciales nouvelles s’adressant une nouvelle fois à des clientèles « ciblées » : carte « Kiwi » pour les enfants et les familles, offre « Joker » pour lutter contre la concurrence des charters aériens.



« Un enfant, une carte Kiwi et on voyage à moitié prix ». En 1987, la SNCF inaugure la carte « Kiwi » pour les enfants de 4 ans à moins de 16 ans. Valable un an, elle offre à son titulaire et aux personnes qui l’accompagnent (quatre au maximum, n’ayant pas nécessairement un lien de parenté) une réduction de 50 % en 1re en ou 2e classe en périodes blanche ou bleue, sans omettre la gratuité pour son animal de compagnie. Si besoin, ses frères et sœurs de moins de 16 ans peuvent obtenir des cartes complémentaires à prix réduit (50 F contre 350 F) leur permettant de voyager avec lui ou seuls dans les mêmes conditions. La vente de cette carte est accessible pour les enfants de moins de 4 ans avec pour avantages de voyager gratuitement et d’occuper une place distincte, tout en faisant profiter les personnes qui l’accompagnent de la réduction de 50 %. D’autres « cadeaux » sont associés à la carte sous la forme d’un carnet de dix-huit chèques donnant droit à des réductions valables une fois (boisson gratuite au bar, couchette gratuite, compartiment famille à prix réduit, carte complémentaire gratuite, etc.) ou à utilisation illimitée (auto-train, hôtels, Musée Grévin, etc.).


1987 : la SNCF joue son « Joker »


Au service d’été 1987, la SNCF joue son « Joker », opération expérimentale qui vise à offrir sur quinze relations, du 15 juin au 15 septembre en périodes bleue ou blanche, un certain nombre de places à prix bas en 2e classe, son ambition étant de relever le défi lancé par les charters aériens en favorisant le taux de remplissage d’un certain nombre de trains « creux », tout en gagnant une nouvelle clientèle disposée à réserver à l’avance. En effet, cette offre – qui a pour particularité de s’adresser à tous, sans condition d’âge, ni achat préalable d’une carte commerciale – impose d’acheter les billets offerts à la vente de 60 à 15 jours avant le départ. Trois niveaux de prix forfaitaires sont retenus en fonction de la destination (99 F, 139 F et 179 F), soit de 35 à 61 % de réduction par rapport au prix normal de la 2e classe. Ces billets comprennent, outre le prix du trajet, la réservation en place assise le jour, en place couchée la nuit. Ni échangeables ni remboursables, ils font l’objet d’une campagne publicitaire par affichage « C’est pas du vol ! ». Reconduite en 1988, l’opération s’articule autour de quatre niveaux de prix avec un tarif de base pour une réservation effectuée entre 60 et 30 jours avant le départ (offre « Joker 30 » ), majoré de 50 F pour une réservation effectuée entre 29 et 8 jours avant le départ (offre « Joker 8 »). En 1989, l’amplitude des périodes de réservation sont modifiées (de 60 à 45 jours pour l’une, de 44 à 15 jours pour l’autre), tandis que l’offre s’étend à l’international (quatorze relations à prix unique). Il est décidé par ailleurs d’étendre l’opération au service d’hiver.



1989 : la « Résa 300 » introduit la notion de niveaux TGV


Contrairement à ce que certains craignaient, le TGV Sud-Est (1981-1983) n’apporte pas de changement notable sur le plan tarifaire. Le prix d’un aller Paris-Lyon par la ligne nouvelle (425 km) n’est pas plus onéreux qu’un aller par la ligne historique (512 km), la SNCF se rattrapant sur la différence kilométrique. Le voyageur est tout au plus invité à payer un supplément pour les trains les plus demandés. La seule modification notable est la réservation rendue obligatoire. Avec le TGV Atlantique (24 septembre 1989), la donne change. La réduction kilométrique entre l’ancien et le nouveau tracé n’étant pas suffisamment parlante pour adopter le même artifice que pour le TGV Sud-Est, il devient indispensable de faire payer, en plus du parcours, la plus-value que représente la vitesse. D’où l’adoption d’une nouvelle tarification qui, outre cette plus-value, introduit la notion de « billet complet ». Ainsi, au prix kilométrique du billet vient s’ajouter un supplément – « Résa 300 », pour 300 km/h – qui se compose d’une part fixe correspondant à la réservation et d’un « forfait » modulable en fonction du TGV emprunté, les plus demandés étant les plus chers et inversement. Pour le même parcours, le voyageur est désormais enjoint d’opter pour l’un des trois niveaux de prix proposés pour chacune des deux classes (portés à quatre en 1990), le plus bas s’appliquant à 65 % de l’offre, le plus hauts à 5 %. Ce système est étendu le 30 septembre 1990 au TGV Sud-Est après adaptation.


1991 : la carte « Carrissimo »



La carte « Jeune » et le « Carré Jeune » ayant montré des signes d’essoufflement, la SNCF décide de relancer l’attrait du train chez les moins de 26 ans en leur substituant en mai 1991 la carte « Carrissimo » . Valable un an, elle ajoute aux réductions antérieures (50 % en période bleue, 20 % en période blanche) deux nouveautés : l’option entre quatre (« Carrissimo 4 ») ou huit voyages (« Carrissimo 8 »), et la possibilité pour le titulaire de la carte de faire profiter des mêmes avantages un, deux ou trois amis âgés de 12 à 25 ans (un aller simple pour une personne comptant pour un trajet). Avec toujours la possibilité d’acheter plusieurs « Carrissimo » dans l’année.

Pour la même raison (1 300 000 unités vendues en 1991, soit 100 000 de moins qu’en 1991), la carte Vermeil (réduction de 50 % en période bleue) est rénovée pour répondre aux habitudes des clients potentiels. A partir du 1er mai 1991, les personnes de 60 ans et plus ont désormais le choix entre la carte « Vermeil Quatre Temps », qui n’ouvre droit qu’à quatre voyages mais peut-être renouvelée autant de fois que souhaité, et la carte « Vermeil Plein Temps », qui reprend la formule initiale des trajets illimités [12]. A ceux qui font remarquer que le prix de cette dernière carte est de 40 % supérieur à celui de la carte « Vermeil 50 », la SNCF répond qu’elle a agi dans un souci d’équilibre de ses comptes et que les augmentations successives de la carte Vermeil 50 avait découragé les personnes âgées voyageant peu, d’où l’offre quatre temps moins onéreuse et plus adaptée à leurs besoins. La carte « Vermeil Plein Temps » permet également d’obtenir une réduction de 30 % sur les trajets à destination de vingt pays d’Europe ainsi que sur les lignes intérieures de certains d’entre eux.

En 1994, l’offre « Kiwi » obéit à la même règle. Si la formule de base demeure (50 % de réduction pour son titulaire de moins de 16 ans et ceux qui l’accompagnent jusqu’à concurrence de quatre personnes), elle s’adapte là aussi, aux habitudes de ses potentiels clients. A compter du 23 janvier, elle se dédouble en carte « Kiwi 4x4 » pour les « petits » voyageurs (valable pour quatre trajets simples ; en carte « Kiwi Tutti » pour les « grands » voyageurs (valable pour un nombre de trajets illimités).



1993 : le TGV Nord et la tarification « à prix de marché »


Avec la mise en service commerciale, le 23 mai 1993, de la partie sud de la LGV Nord Europe (de Paris à Arras), la SNCF s’appuie sur Socrate[1] pour expérimenter une tarification « à prix de marché » tenant compte des périodes de circulation (creux et pointes) et de l’environnement concurrentiel. Entièrement déconnectée de la distance kilométrique, cette tarification se caractérise par la création, pour chaque parcours (Paris-Lille, Paris-Arras, Paris-Lens, etc.), de quatre niveaux de prix (N1, N2, N3, N4) calculés selon l’importance de la demande (le N1 correspond aux TGV les moins chargés donc offrant les tarifs les plus bas). Autre nouveauté, le calendrier tricolore, qui excluait les TGV Sud-Est et Atlantique du bénéfice des réductions pendant les périodes les plus chargées, n’est plus appliqué. Dorénavant, tous les TGV Nord Europe sont ouverts aux réductions. Revers de la médaille, cette facilité ne porte que sur un nombre limité de places (on parle ici de contingentements) dont le nombre varie d’un train à un autre mais également, pour un même train, au fur et à mesure de la montée en charge des réservations[2]. Brutalement confronté à la logique du yield management, le voyageur doit apprendre à jongler avec les tarifs, mais aussi, pour peu qu’il cherche à bénéficier d’une réduction, à planifier ses déplacements en amont, les premiers arrivés étant les premiers servis.

[1] Acronyme de « Système offrant à la clientèle des réservations d'affaires et de tourisme en Europe » dont le déploiement a commencé le 12 janvier 1993.

[2] Le bénéfice des cartes ouvrant une réduction est admis sans limite dans les TGV moins demandés (N1 et N2 en 2e classe, N1 et N3 en 1re classe), plus limité dans les autres.

1994-1995 : l’abandon du calendrier tricolore pour les TGV


Entérinée par la modification de l’article 14 du cahier de son cahier des charges publiée au JO le 21 juillet 1994, la SNCF est libre désormais de définir sa politique tarifaire en tenant compte des spécificités d’une relation (rapidité, confort, concurrence) et non plus seulement de la référence kilométrique, de telle sorte qu’elle puisse en particulier offrir des prix par relation en fonction de la concurrence. La tarification « à prix de marché » est ainsi étendu progressivement aux autres relations : TGV Province-Province le 29 mai 1994 à l’occasion du contournement de Paris par l’Est ; TGV Méditerranée le 3 juillet suivant à l’occasion du contournement de Lyon et du prolongement sur Valence ; TGV Atlantique le 28 mai 1995. En parallèle est décrétée, le 29 mai 1994, la suppression pour tous les TGV des contraintes liées au calendrier tricolore. Cette mesure est étendue en mai 1995 aux Trains rapides nationaux (TRN), de façon partielle cependant puisque limitée à la suppression des périodes requalifiées en périodes blanches. Les contraintes du calendrier tricolore sont toujours d’actualité pour les Intercités et les TER.


1996 : les « Trains Verts »


Parmi les différents souhaits formulés dans le cadre de l’enquête menée au printemps 1996 au lendemain de la grève de l’hiver 1995-1996 figurait celui de pouvoir prendre le train sans contrainte, c’est-à-dire sans réservation préalable. Lancés le 1er décembre 1996, les « Trains Verts », soit quelque 200 trains par jour (moitié Trains rapides nationaux, moitié TGV) à faible taux d’occupation, répondent à cette attente. Outre le fait d’être accessibles sans réservation (y compris dans les TGV, celle-ci étant comprise dans le prix du billet), ces trains offrent une réduction de 15 % (non cumulable avec un autre tarif réduit). L’opération est abandonnée en mai 1998 car économiquement peu rentable pour la SNCF et peu prisée des voyageurs (94 % des voyageurs continuent de réserver leur place et le taux de réduction leur paraît insuffisant).



1997 : la « Nouvelle Gamme Tarifaire »


Dans la lignée de la politique de reconquête de la clientèle au lendemain du mouvement social de l’hiver 1995-1996, Louis Gallois promet, en mars 1997, « Davantage de réductions pour un plus grand nombre de voyageurs ». La réponse est donnée par la « Nouvelle Gamme Tarifaire » (NGT), dont l’objectif est de permettre aux voyageurs occasionnels de pouvoir bénéficier de réductions aux même titre que les voyageurs réguliers, jusqu’alors principaux bénéficiaires des cartes commerciales porteuses des dites réductions. La NGT distingue donc deux types de produits : pour ceux qui voyagent peu, des billets « Découverte » délivrés sans carte ni formalité, dans la limite des places disponibles ; pour ceux qui voyagent régulièrement, des cartes offrant un nombre illimité de voyages pendant un an.



Sur le plan tarifaire, les billets « Découverte » font bénéficier d’une réduction de 25 % dans les TGV de N1 (ainsi que pour un nombre limité de places dans les TGV N2 et N3 et les TGV Paris-Lille) et dans les trains Grandes Lignes et TER pour les trajets commencés en période bleue. Les cartes ouvrent une réduction de 50 % dans les TGV N1 (ainsi que pour un nombre limité de places dans les TGV N2 et N3 et les TGV Paris-Lille) et dans les trains Grandes Lignes et TER pour les trajets commencés en période bleue. Lorsqu’il ne reste plus de places à 50 %, les cartes garantissent une réduction de 25 % dans les TGV N2 et 3 et dans les TGV Paris-Lille, ainsi que dans les trains Grandes Lignes et TER pour les trajets commencés en période blanche.



Le déploiement de la NGT se fait en deux étapes. Le 1er juin 1997 sont mis en vente :

- le billet « Découverte 12-25 » pour les jeunes de 12 à moins de 26 ans ;

- la « carte 12-25 » qui se substitue à « Carrissimo 4 et 8 ».

- le billet « Découverte à deux » pour deux personnes sans lien de parenté obligatoire ; elle se substitue à la carte « Couple » mais impose un aller et retour ;

- les billets « Découverte J30 » et « Découverte J8 » qui obéissent à l’axiome « plus vous prévoyez votre départ à l’avance, plus le prix est avantageux » (la formule la plus économique : J30 à réserver entre deux mois et trente jours avant la date du départ ; la formule la plus souple : J8, à réserver jusqu’à huit jours avant le départ) ; contrairement aux autres billets et cartes, la réduction varie en fonction des relations choisies (au nombre de 470 et en 2e classe seulement) ; ces billets se substituent à « Joker 8 et 30 ».

La deuxième étape, entrée en vigueur le 26 avril 1998, introduit :

- le billet « Découverte Senior » ;

- la carte « Senior » qui se substitue aux cartes « Vermeil Quatre Temps » et « Vermeil Plein Temps ») ;

- le billet « Découverte Enfant + » pour les familles ou personnes voyageant avec des enfants de moins de 12 ans ;

- la carte « Enfant + » qui se substitue à la carte « Kiwi ») ;

- le billet « Découverte Séjour » pour les personnes voyageant seules (ce produit qui s’adresse plus particulièrement aux 26-59 ans jusqu’alors ignorés impose un aller et retour de 200 km au minimum et une nuitée du samedi au dimanche pour éviter son utilisation par les voyageurs professionnels). Cette dernière offre sera complétée le 14 mai 2003 par la carte « Escapade » dont la réduction, limitée à 25 %, a pour particularité d’échapper à toute restriction.


Les enfants en bas âge ne sont pas oubliés. En complément des mesures prises en 1982 est créé le 1er juin 1997 le « Forfait Bambin » qui, pour 50 F, assure une place assise aux enfants de moins de 4 ans qui jusqu’alors voyageaient gratuitement mais sans attribution d’une place distincte – sauf, sur certains « trains Famille », à s’acquitter d’un billet quart de place (billet « Bambin » mis en place en 1984).

A partir du 26 avril 1999, les titulaires de la « carte 12-25 » bénéficient de nouveaux avantages auprès de partenaires de la SNCF, notamment 25 % de réduction sur les vols de United Airlines à destination des Etats-Unis et 25 % de réduction supplémentaire sur le prix « Jeune » Eurostar.



1997-1998 : la disparition des niveaux


Dans un souci d’une simplification de la tarification des TGV, le nombre des niveaux est ramené :

- le 28 septembre 1997, de quatre à trois (N1, N2, N3) ;

- le 29 novembre 1998, à un seul niveau en 1re classe et à deux niveaux en 2e classe par extension à tous les axes TGV de l’expérience poursuivie sur le TGV Nord Europe depuis le 25 janvier. En clair, un seul prix en 1re classe et deux prix en 2e classe. On ne parle plus de niveaux mais de « période normale » (ancien N1) et de « période de pointe » (ancien N3).

Par ailleurs, les réductions attachées aux billets Découverte et aux cartes ne sont plus calculée pour les trajets en TGV sur le seul tarif de base (N1) mais sur le tarif correspondant à la période de pointe, ce qui est plus avantageux pour le client.


NB : Ne sont pas repris ici les réductions liées aux billets sociaux (carte famille nombreuse, billet congé annuel), aux abonnements, aux groupes.

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